LA PAROLE DE DIEU

Cantique des 3 enfants Dn 3

 

52 « Béni sois-tu, Seigneur, Dieu de nos pères : à toi, louange et gloire éternellement !
Béni soit le nom très saint de ta gloire : à toi, louange et gloire éternellement !
53 Béni sois-tu dans ton saint temple de gloire : à toi, louange et gloire éternellement !
54 Béni sois-tu sur le trône de ton règne : à toi, louange et gloire éternellement !
55 Béni sois-tu, toi qui sondes les abîmes : à toi, louange et gloire éternellement !
Toi qui sièges au-dessus des Kéroubim : à toi, louange et gloire éternellement !
56 Béni sois-tu au firmament, dans le ciel, à toi, louange et gloire éternellement !
Toutes les œuvres du Seigneur, bénissez-le : à toi, louange et gloire éternellement ! »
57 « Toutes les œuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur : À lui, haute gloire, louange éternelle !
58 Vous, les anges du Seigneur, bénissez le Seigneur : À lui, haute gloire, louange éternelle !
59 Vous, les cieux, bénissez le Seigneur,
60 et vous, les eaux par-dessus le ciel, bénissez le Seigneur,
61 et toutes les puissances du Seigneur, bénissez le Seigneur !
62 Et vous, le soleil et la lune, bénissez le Seigneur,
63 et vous, les astres du ciel, bénissez le Seigneur,
64 vous toutes, pluies et rosées, bénissez le Seigneur !
65 Vous tous, souffles et vents, bénissez le Seigneur,
66 et vous, le feu et la chaleur, bénissez le Seigneur,
67 et vous, la fraîcheur et le froid, bénissez le Seigneur !
68 Et vous, le givre et la rosée, bénissez le Seigneur,
69 et vous, le gel et le froid, bénissez le Seigneur,
70 et vous, la glace et la neige, bénissez le Seigneur !
71 Et vous, les nuits et les jours, bénissez le Seigneur,
72 et vous, la lumière et les ténèbres, bénissez le Seigneur,
73 et vous, les éclairs, les nuées, bénissez le Seigneur ! À lui, haute gloire, louange éternelle !
74 Que la terre bénisse le Seigneur : À lui, haute gloire, louange éternelle !
75 Et vous, montagnes et collines, bénissez le Seigneur,
76 et vous, les plantes de la terre, bénissez le Seigneur,
77 et vous, sources et fontaines, bénissez le Seigneur !
78 Et vous, océans et rivières, bénissez le Seigneur,
79 baleines et bêtes de la mer, bénissez le Seigneur,
80 vous tous, les oiseaux dans le ciel, bénissez le Seigneur,
81 vous tous, fauves et troupeaux, bénissez le Seigneur À lui, haute gloire, louange éternelle !
82 Et vous, les enfants des hommes, bénissez le Seigneur : À lui, haute gloire, louange éternelle !
83 Toi, Israël, bénis le Seigneur,
84 Et vous, les prêtres, bénissez le Seigneur,
85 vous, ses serviteurs, bénissez le Seigneur !
86 Les esprits et les âmes des justes, bénissez le Seigneur,
87 les saints et les humbles de cœur, bénissez le Seigneur,
88 Ananias, Azarias et Misaël, bénissez le Seigneur : À lui, haute gloire, louange éternelle !
Il nous a délivrés des enfers, sauvés du pouvoir de la mort, il nous a tirés de la fournaise ardente,
retirés du milieu du feu.
89 Rendez grâce au Seigneur : il est bon, éternel est son amour !
90 Vous tous qui adorez le Seigneur, bénissez le Dieu des dieux ; chantez et rendez grâce :
éternel est son amour ! »

LA MÉDITATION

De la gratitude à la louange

Cette semaine je suis tombé par hasard sur une vidéo vantant les mérites de la gratitude. Aussi surprenant que celui puisse paraître, aucune mention religieuse n’y était faite. Nous étions invités à nous détacher des aspirations, frustrations qui nous privent du plaisir de ce que l’on a déjà, de ce que l’on est. Le message était très convaincant et rejoint d’ailleurs l’éducation la plus basique : savoir recevoir et apprendre à dire merci. Cet apprentissage ou réapprentissage de la gratitude aurait, et il n’est pas difficile de l’imaginer, de nombreuses répercussions positives sur notre corps, notre psychisme, nos relations.

 

Or, la gratitude pour qui je suis et ce que j’ai vantée par cette vidéo pour ses répercussions positives a besoin de savoir vers quel donateur se tourner. Elle risque alors soit de se tourner vers une abstraction vide (« le cosmos », « la vie », « le hasard »), soit de se retourner vers soi-même (comme si nous étions le propre créateur de ce que nous sommes, un self-made-man qui pourrait refuser de répondre « Rien » à la question « qu’as-tu que tu n’aies reçu ? »).

 

La Bible utilise peu le concept de gratitude mais elle emploie surtout celui de la louange. C’est dans la louange, tournée vers Dieu, que cette gratitude trouve son sens, puisque c’est Dieu qui est à la source de tout bien. Alors la perspective se renverse et nous fait reconnaître et jubiler de tout ce qui est donné par Dieu. La louange de toute la Création peut monter vers Lui car il ne s’agit plus d’une disposition psychique (donc humaine), mais d’une disposition spirituelle, de la créature à son Créateur.

 

Mais à travers la louange, le croyant ne remercie pas seulement Dieu pour ce qu’Il lui donne  : Il le loue pour ce qu’Il est. Si la gratitude est un signe de reconnaissance, la louange elle est totalement gratuite. La louange va donc au-delà d’une prière d’action de grâce (remerciement) et n’est pas une intercession (demande). Elle est indépendante des événements de notre histoire, de notre vécu, et déplace celui qui loue… Jusqu’en Dieu. Par la louange nous rendons témoignage à la grandeur de notre créateur.

 

La louange biblique prend une forme pour nous assez étrange car le psalmiste semble s’adresser à des êtres inanimés en les invitant à participer à sa prière et à son chant. Saint François lui-même ne craignait pas de s’adresser aux oiseaux. Si la création loue le créateur par sa beauté, l’homme, créature douée de pensée, peut quant à lui, en contemplant la création, exprimer sa joie pour ce qu’il voit et qu’il reçoit. Le cantique de Daniel que nous vous proposons de prier cette semaine semble vouloir dresser un inventaire de la création, de sa diversité, de sa beauté, de sa richesse. Pour louer Dieu, il s’agit dans un premier temps, de s’arrêter pour voir et s’émerveiller. Saint François n’en finissait pas de chanter les bienfaits de son Seigneur. La bénédiction (bene dicere, dire du bien de quelqu’un) était la trame essentielle de sa vie de prière.

 

De la louange à la contemplation

Si saint François chante la création c’est qu’il y trouve les traces de la beauté de celui qui en est la source : « A l’ouvrage, on loue son artisan ». Il fraternise avec sœur notre mère la Terre en dormant tout contre elle. Il apprend à connaître les éléments en marchant par tous les temps sur les routes ou en se retirant dans les rudes ermitages de la montagne. Tout lui devient signe qui ouvre un chemin vers la source de la vie.

 

Saint François, fidèle à l’Écriture, nous propose de reconnaître la nature comme un splendide livre dans lequel Dieu nous parle et nous révèle quelque chose de sa beauté et de sa bonté : « La grandeur et la beauté des créatures font contempler, par analogie, leur Auteur » (Sg 13, 5), et « ce que Dieu a d’invisible depuis la création du monde, se laisse voir à l’intelligence à travers ses œuvres, son éternelle puissance et sa divinité » (Bm 1, 20).

Pape François : Laudato Si § 12

 

La louange nous porte au seuil de la demeure de Dieu à l’entrée de la contemplation. Rien en ce monde n’est assez grand et assez vaste pour combler la profondeur, la hauteur et l’étendue du cœur de l’homme. De fait, seul celui qui est infini peut combler ce désir infini. C’est ce que disait St Augustin: « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi ».

 

Le regard de l’homme ne risque-t-il pas de devenir triste, quand il ne sait plus voir que des objets à exploiter ou à consommer, quand les réalités ont perdu leur dimension symbolique et sacrée ? Dieu n’y est alors plus présent. Le ciel étoilé peut raconter à certains la gloire de Dieu : il est perçu par d’autres comme un simple lieu à explorer. Les êtres créés ne font plus signes. L’homme est renvoyé à lui-même, à son horizon borné, à sa solitude. Son regard devient désabusé.

 

Jésus aimait contempler la création comme nous le montrent ses paraboles. A travers elle il trouvait des images pour nous faire pressentir un univers encore plus beau, celui du Royaume. Depuis le roseau que le vent incline, le sentier rocailleux où le semeur perd ses grains, jusqu’à la poule qui rassemble ses poussins sous ses ailes, Jésus a vu dans la beauté du monde créé, les signes du mystère qu’il révèle.

UNE FIGURE SPIRITUELLE

Sans titre (3)

Saint François d’Assise

Saint François par le pape François…

« Je ne veux pas poursuivre cette Encyclique sans recourir à un beau modèle capable de nous motiver.
J’ai pris son nom comme guide et inspiration au moment de mon élection en tant qu’Évêque de Rome.

Je crois que François est l’exemple par excellence de la protection de ce qui est faible et d’une écologie intégrale, vécue avec joie et authenticité. C’est le saint patron de tous ceux qui étudient et travaillent autour de l’écologie, aimé aussi par beaucoup de personnes qui ne sont pas chrétiennes. Il a manifesté une attention particulière envers la création de Dieu ainsi qu’envers les pauvres et les abandonnés. Il aimait et était aimé pour sa joie, pour son généreux engagement et pour son cœur universel. C’était un mystique et un pèlerin qui vivait avec simplicité et dans une merveilleuse harmonie avec Dieu, avec les autres, avec la nature et avec lui-même.
En lui, on voit jusqu’à quel point sont inséparables la préoccupation pour la nature, la justice envers les pauvres, l’engagement pour la société et la paix intérieure. Son témoignage nous montre aussi qu’une écologie intégrale requiert une ouverture à des catégories qui transcendent le langage des mathématiques ou de la biologie, et nous orientent vers l’essence de l’humain. Tout comme cela arrive quand nous tombons amoureux d’une personne, chaque fois qu’il regardait le soleil, la lune ou les animaux même les plus petits, sa réaction était de chanter, en incorporant dans sa louange les autres créatures. Il entrait en communication avec toute la création, et il prêchait même aux fleurs « en les invitant à louer le Seigneur, comme si elles étaient dotées de raison ». Sa réaction était bien plus qu’une valorisation intellectuelle ou qu’un calcul économique, parce que pour lui, n’importe quelle créature était une sœur, unie à lui par des liens d’affection. Voilà pourquoi il se sentait appelé à protéger tout ce qui existe.
Son disciple saint Bonaventure rapportait que, « considérant que toutes les choses ont une origine commune, il se sentait rempli d’une tendresse encore plus grande et il appelait les créatures, aussi petites soient-elles, du nom de frère ou de sœur ». Cette conviction ne peut être considérée avec mépris comme un romantisme irrationnel, car elle a des conséquences sur les opinions qui déterminent notre comportement. Si nous nous approchons de la nature et de l’environnement sans cette ouverture à l’étonnement et à l’émerveillement, si nous ne parlons plus le langage de la fraternité et de la beauté dans notre relation avec le monde, nos attitudes seront celles du dominateur, du consommateur ou du pur exploiteur de ressources, incapable de fixer des limites à ses intérêts immédiats. En revanche, si nous nous sentons intimement unis à tout ce qui existe, la sobriété et le souci de protection jailliront spontanément. La pauvreté et l’austérité de saint François n’étaient pas un ascétisme purement extérieur, mais quelque chose de plus radical : un renoncement à transformer la réalité en pur objet d’usage et de domination ».

 

Pape François : Laudato Si § 10 – 11

Questions à méditer

  • Qu’est-ce qui en moi peut-être un obstacle à la gratitude et la louange ?
    Comment vaincre l’ingratitude ou l’absence de gratitude ?
  • Ai-je appris à louer Dieu même dans les épreuves, conscient que « tout peut contribuer au bien de ceux qui aiment Dieu » ? (Rm 8, 28)

Point de conversion proposé :

Demander à Dieu qu’il me donne un regard d’émerveillement sur la Création, une attitude de gratitude pour ce que je suis et ce que j’ai, et un désir profond de le louer gratuitement pource qu’Il est.

Points d’action pour avancer sur ce chemin de conversion

  • Prévoir une promenade en forêt.
  • Visiter une exposition pour réapprendre à voir à travers le regard des artistes.
  • Prendre le temps de connaître, nommer, toucher ce qui m’entoure : matières, couleurs, nuages, étoiles, plantes, fruits et légumes, animaux…
  • Profiter d’une pause déjeuner ou d’un temps de trajet pour contempler la nature (ne serait-ce que le ciel entre les immeubles).
  • Renouer avec l’habitude du bénédicité.
  • A l’occasion d’un repas partagé, dire aux autres ce qui était bon et beau dans sa journée.
  • Se redire chaque matin devant le miroir le verset du psaume 138 « Merci Seigneur pour la merveille que je suis. »